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« Mes préconisations pour favoriser la résilience »

Dans le cas d’un atelier qui produit 250 000 litres par UMO, avec des prélèvements de 20 000 € et une marge de sécurité de 5 000 € (20 €/1 000 l), l’annuité maximum s’élèvera à 100 €/1 000 l ou 25 000 € par UMO.

Pour Michel Deraedt, surmonter un choc économique dépend de son niveau d’endettement, de son efficience, de sa productivité et de sa trésorerie.

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«Pour être mieux armé dans un marché incertain et volatil, mieux vaut avoir en tête ces points de vigilance. Les emprunts trop lourds contractés dans le passé (dans l’euphorie de 2014, par exemple) peuvent asphyxier l’exploitation en temps de crise. Attention donc à ne pas générer de l’investissement à la vue d’une seule bonne année. Garder à l’esprit que le marché d’après-quotas sera volatil.

La bonne efficience technico-économique est le fruit d’un travail de tous les jours. L’exploitation capable de bien valoriser ses produits (lait, viande…) et de maîtriser ses charges est, bien sûr, en meilleure posture pour passer les moments difficiles.

Suivre sa trésorerie et anticiper les périodes délicates

Une bonne adéquation entre les volumes produits et les moyens disponibles (équipement, bâtiment, matériel, main-d’œuvre) est essentielle pour diluer au mieux les charges fixes, et donc maîtriser les coûts. ­Produire un volume élevé ne constitue pas une garantie d’être mieux protégé en temps de mauvaise conjoncture : en 2016, la chute du prix du lait a pesé plus lourdement sur les grands troupeaux que sur les autres.

Le fait de disposer d’une bonne trésorerie, ou de savoir la gérer quand elle est négative, est un atout pour mieux passer les crises. Suivre sa trésorerie en anticipant les périodes délicates permettra d’être en meilleure position quand on demandera un court terme ou un crédit à son banquier.

Emprunter moins que sa capacité de remboursement est indispensable si l’on veut se préserver une marge de sécurité. La capacité de remboursement se calcule à partir de l’EBE (moyenne sur trois ans minimum) auquel on retranche les prélèvements privés, les frais financiers à court terme et une marge de sécurité. Cette opération permet de déterminer un montant d’annuités maximum par 1 000 litres. La détermination de ce niveau d’investissement supportable aidera à se prémunir des dérapages fréquents observés sur les projets de bâtiments.

Les investissements progressifs adaptés à ses capacités financières aident à réduire les risques. Dans un premier temps, la stabulation paillée fonctionnera avec un raclage au tracteur. À terme, elle sera équipée de logettes et d’un racleur automatique.

L’allongement des durées d’emprunt doit être envisagé. Les coûts des équipements, bâtiments et matériels se sont envolés depuis vingt ans, le montant des investissements est plus lourd et les prix n’ont pas augmenté de la même manière. Dans ce ­contexte, il n’est pas logique de vouloir continuer à rembourser les emprunts sur la même durée qu’autrefois. Veillez à ne pas dépasser la période de vie de l’équipement.

Dans le cas d’un investissement en bâtiment de 7 500 € par vache (subvention déduite) et avec une moyenne économique de 7 500 litres par vache et par an, l’annuité à rembourser représentera 95 €/1 000 litres sur une durée de douze ans, et 67 € sur dix-huit ans. La seconde option donnera une plus grande marge de sécurité en cas d’aléa.

Éviter de recourir à des emprunts de courte durée (deux à cinq ans) pour financer des équipements (racleurs, Dac, décrochages…). Empilés et combinés aux emprunts à moyen et long termes en cours, ils finissent par être toxiques.

De même, il est conseillé de proscrire des stratégies d’optimisation fiscale qui incitent à investir de façon déraisonnable. Les coûts de MSA sont certes réduits, mais les annuités doivent être remboursées.

L’amélioration de l’outil existant doit être privilégiée avant tout agrandissement. »

© J.-M.V. - Michel Deraedt,

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